Billets d'humeur / Société

Une histoire de chaussures trop petites…

Un jour j’ai commandé une paire de chaussures pointure 40. Je sais pertinemment que je fais du 40,5 voire du 41 mais elles étaient magnifiques et je les voulais absolument. C’est dire à quel point le désir peut rendre irrationnel.

Au premier essayage, elles avaient l’air d’aller alors je les ai gardées. Le lendemain, je rentrais chez moi en boitant. Elles étaient évidemment trop petites, mais je les avais choisies alors je devais les garder. Alors la semaine d’après j’ai récidivé. Les ampoules aussi. Mais visiblement je n’avais toujours pas compris. J’avais voulu ces maudites chaussures, tout fait pour les avoir, alors je me devais de faire en sorte qu’elles finissent par m’aller.

La fin de l’histoire, vous la connaissez déjà : les chaussures ne se sont jamais adaptées à mes pieds, tout simplement parce qu’elles n’ont jamais été à ma taille.

Je ne crois pas que vous me ferez mentir si j’affirme que vous me trouvez tous idiote d’avoir commandé et gardé des chaussures qui n’auraient jamais pu m’aller ?

Mais qu’en est-il des personnes qui partagent votre existence? Pouvez-vous affirmer sans mentir n’avoir jamais persisté à garder un ami ou plus si affinité, qui n’était pas compatible avec vous… alors que ça a toujours été évident ?

Si vous pouvez répondre que ça ne vous est jamais arrivé, sans travestir la vérité, alors bravo, je vous félicite, vous pouvez quitter mon post. Quant aux autres, je suis sûre que mes histoires de chaussures ne vous semblent plus aussi stupides que ça, pas vrai…?

L’amour rend aveugle…. Et accessoirement sourd, muet et souvent idiot. C’est un fait. Mais par-dessus tout, il rend de mauvaise foi.

« Pourquoi ces satanées chaussures n’ont jamais pu m’aller ? C’est la faute de Zalando et de tous les sites de vente en ligne de cette espèce».

En aucun cas cette histoire ne peut être de ma faute. Non je ne fais pas du 40, mais elles auraient dû s’adapter à moi ces foutus chaussures. Elles auraient dû me rendre heureuse ces foutus chaussures. Et par-dessus tous, elles n’auraient jamais dû me blesser autant ces foutus chaussures.

Si j’étais lucide et logique, j’admettrais tout simplement que tout m’indiquait dès le départ qu’elles n’étaient pas faites pour moi. Mais je préfère me voiler la face, accuser le site vendeur et tous ces congénères. Après tout, c’est tous les mêmes, tous les mêmes, tous les mêmes, et y en a marre….

Oui y en a marre de s’infliger des souffrances inutiles parce qu’on ne veut pas regarder la vérité en face.

Oui y en a marre de s’imposer des choses qui ne sont pas faites pour nous par fierté, pour ne pas admettre que l’on s’est juste trompé.

Oui y en a marre de ne pas juste avoir le cran de tout simplement dire « merde » et de se débarrasser d’un mauvais choix pour pouvoir laisser la place pour de plus belles choses dans sa vie… enfin non… dans son armoire….

Parce qu’on parle toujours de chaussures hein…. Ni d’amour, ni d’amitié. Juste d’une banale histoire de chaussures qui font mal parce qu’on a bien envie de les laisser nous faire mal….

Après tout, le cœur a ses raisons que la raison ignore. Et si la raison avait bon goût, ça se saurait depuis le temps….

Texte : Nèl Tinta-Négra – Tous droits réservés

Photo : « Person jumping from fire » by Dan Calson.

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